Par Alain Corbin.
Il est difficile et sans doute présomptueux de chercher, pour parler de cet ouvrage, des mots autres et meilleurs que ceux écrits par l'auteur lui-même dans le "prélude" :
"Le silence n'est pas seulement absence de bruit. Nous l'avons presque oublié. Les repères auditifs se sont dénaturés, affaiblis, désacralisés. La peur voire l'effroi suscités par le silence se sont intensifiés.
Désormais, il est difficile de faire silence, ce qui empêche d'entendre cette parole intérieure qui calme et qui apaise...
L'essentiel de la novation réside en l'hypermédiatisation, en la permanente connexion et, de ce fait, en l'incessant flux de paroles qui s'impose à l'individu et qui le conduit à redouter le silence..."
Historien confirmé de la sensibilité et des émotions, Alain Corbin offre ici moins un traité d'histoire qu'une réflexion et même un éloge du silence, au travers d'un texte largement alimenté par un nombre important de références littéraires qui raviront les amateurs de lecture.
Citons, entre autres, dans ce livre peu volumineux et de lecture très accessible, de beaux passages sur le silence dans la peinture et sur le rôle du silence dans l'écoute.
Gageons que chaque lecteur pourra trouver, parmi les nombreuses citations d'auteurs, celle ou celles qui pourra ou pourront ouvrir et alimenter sa propre réflexion.
Marie-Christine Colin-Lefebvre.
Albin Michel, 2016 - 18,50 € - 11.99 (EPUB)
Réserver ce livre.
Acheter la version numérique (EPUB)
par Michel Sauquet
Un père se sentant à la fin de sa vie redit tout son amour, ses espoirs et sa colère à l'égard du fils qu'il a rejeté.
Le lecteur parcourt toute leur relation avec le seul angle de vue du père : c'est de la fureur, de l'amertume, du dépit.
Quelle intensité au cours de ces pages bien rythmées ; cela "tonne" par moments.
Un jour, comme atteint des symptômes d'un burn-out, le père va commencer un chemin de retour vers son fils. Il redécouvre ainsi la lettre laissée par sa défunte épouse qui est une petite perle maternelle.
La fin est admirable de pudeur.
A lire parce qu'il y a des parents qui rejettent un enfant et parce que ce fils est François d'Assise.
Geneviève Iweins, avril 2016
Salvator, 2016 - 17.50 €
Par Giovanna Valls Galfetti.
« Accrochée à la vie», ce sont des fragments de journaux intimes, de lettres, le récit d’un combat à la vie à la mort, rédigé entre 2004 et 2011 par Giovanna Valls pour sortir de l'enfer de la drogue et la maladie, jusqu’à la victoire…
Giovanna est née il y a une cinquantaine d'années dans une famille unie. Son père, le peintre catalan Xavier Valls, et sa mère, Luisa Valls Galfetti, suisse italienne, inculquent à leurs deux enfants des valeurs basées sur le sens de l’effort, de l’empathie, de la générosité et du respect. Elle est la sœur de Manuel Valls, l'actuel Premier Ministre de la France.
En 1984, c'est la chute ! Il suffira de quelques lignes à snifer proposées par un ami, après une malheureuse histoire d’amour brisé pour que tout bascule. Commence alors un long calvaire de deux décennies, qu’elle relate avec pudeur mais sans tabou ni complaisance.
A Barcelone, Giovanna tente de se désintoxiquer. Elle travaille et connaît de longues périodes de trêve jusqu’en 1995… mais l'équilibre est précaire, les rencontres sont souvent des occasions de retomber soit dans la drogue, soit dans l'alcool. Jusqu'au « coup de poing de la cocaïne ». Giovanna a 38 ans. Une semaine plus tard, elle est diagnostiquée séropositive et infectée par le virus de l’Hépatite C. A la dépendance s’ajoute la maladie.
Giovanna alterne cures et rechutes, mais, et c'est essentiel, sans jamais couper le lien, ni avec sa famille, ni avec le corps médical. C'est alors qu'elle entend parler d'une thérapie qui se pratique dans la forêt amazonienne avec prise d'ayahuasca, breuvage a base d'une liane, qui doit se prendre sous contrôle. Le 25 avril 2005, Giovanna rejoint l'équipe du psychiatre Fabregas. Elle y restera 3 ans.
Ses parents, qui la portent à bout de bras, depuis des années, continuent de la soutenir. Jamais, ils ne l’ont lâchée. C’est aussi toute la force de ce témoignage. Ils l’aiment avec force, pudeur et justesse. « Je souhaite seulement que tu trouves une plénitude dans tes actes, que la vie te sourit, que tu t’aimes toi-même et que tu sois indulgente envers les autres, lui écrit son père, Xavier Valls en avril 2005. Ta mère et moi t’avons toujours aimée ». Peu à peu, Giovanna reprend goût à la vie. « Un miracle », dit-elle.
Sa mère écrira. "Elle s’est battue comme personne pour se reconstruire (…). Notre combat - celui de Giovanna surtout - a valu la peine. Il ne faut jamais dire : « Il n’y a rien à faire ». Elle en est la preuve vivante !
Marie Grisard
JC Lattès, 2015 - 20.20 €